La question qui revient en boucle dans mes accompagnements est au sujet de l’évolution de l’endométriose. « Est-ce que si j’arrête la pilule pour l’endométriose, les lésions vont augmenter ? » « Est-ce qu’il existe une flambée de l’endométriose à l’arrêt de la pilule ? » « Quelles sont les évolutions possibles de l’endométriose ?»
Les femmes qui me posent ces questions veulent arrêter la pilule. Mais elles ont peur de la progression de l’endométriose, c’est-à-dire que les lésions se propagent, augmentent et grossissent. Elles ont peur de devoir se faire opérer à nouveau, peur que les douleurs s’amplifient, les les lésions les gênent encore plus dans leur quotidien, etc. Je pense que c’est tout à fait normal d’avoir ces peurs. Je pense que ces peurs sont là pour nous guider dans nos choix et faire en sorte qu’on ne fasse pas n’importe quoi en voulant arrêter la pilule.
Avant de continuer cet article, je veux poser le cadre pour qu’il n’y ait pas de malentendu. Car je prends vraiment des pincettes en écrivant cet article. Je sais combien ce sujet est délicat, c’est pourquoi j’y partage mon point de vue, mes compréhensions actuelles. Mais cet article n’est absolument pas scientifique. Je partage quelques sources à la fin. Dans cet article, je ne prône pas la vérité sur le sujet. Je retranscris avec mes mots et mes imprécisions ce que je comprends des possibilités à l’heure où j’écris. Il se veut être une synthèse du sujet. Seul un médecin peut répondre précisément aux situations individuelles.
L’endométriose peut-elle flamber à l’arrêt de la pilule ?
Il ne semble pas exister pas de flambée de l’endométriose à proprement parlé, dans le sens où ce n’est pas en quelques mois que les lésions se propagent, grandissent ou se multiplient. Le processus de progression de l’endométriose est relativement lent. D’ailleurs, la plupart du temps, les gynécologues recommandent un suivi 6 mois après l’arrêt de la pilule pour l’endométriose. Ce suivi a pour but d’interroger la patiente sur ces éventuelles douleurs et de réaliser une imagerie si nécessaire. En effet, dans cet espace temps de 6 mois, il est possible de voir comment a évolué l’endométriose : progression, stabilisation ou régression.
Les 3 scénarios possibles dans l’évolution de l’endométriose
Il est vrai que quand on pense endométriose sans pilule, on pense très souvent à la progression de l’endométriose. Vues les idées reçues sur l’endométriose, je pense que c’est assez normal d’avoir un peu peur de vivre sans pilule pour l’endométriose. Certaines femmes me disent qu’elles ont l’impression de vivre un peu « sans filet de sécurité ».
Mais à bien regarder le sujet, la réalité est différente. En effet, il existent 3 options quand on ne prend pas ou plus la pilule :
- L’endométriose sans pilule peut se propager. C’est pour cela qu’il est indispensable d’être bien suivie par son gynécologue, notamment dans les 6 mois après l’arrêt de la pilule.
- L’endométriose sans pilule peut se stabiliser. C’est ce qu’il peut se passer quand on a pris les devants par rapport à la maladie. C’est-à-dire que l’inflammation de l’endométriose est maîtrisée par une hygiène de vie adaptée.
- L’endométriose sans pilule peut régresser. C’est personnellement mon cas et celui de quelques femmes que j’ai accompagné. Je pense que ce processus est possible lorsque le corps a pleinement retrouver ses capacités d’auto-guérison et que le système immunitaire est redevenu performant.
Il faut savoir qu’il y a deux phénomènes majeurs qui sont impliqués dans l’évolution de l’endométriose : l’inflammation et le système immunitaire.
L’inflammation favorise la progression de l’endométriose
J’ai pu lire dans différents articles (voir les sources à la fin de l’article) que l’inflammation joue un rôle fondamental dans l’endométriose. Non seulement elle favorise l’implantation et la survie des lésions endométriales. Mais elle favorise aussi la croissances des lésions endométriales.
Ainsi agir sur l’inflammation est à mon sens, un moyen efficace pour agir l’évolution de la maladie. Je parle de cet aspect dans la première partie de cet article.
Un système immunitaire défaillant peut faire place à des lésions d’endométriose
Lorsque le système immunitaire fonctionne correctement, il a la capacité de déclencher une réaction de défense pour détruire les lésions endométriales. Il envoie ses macrophages (cellules capables de détruire des cellules étrangères – sorte d’éboueurs du corps). C’est grâce à ces macrophages que le développement de l’endométriose est limité.
Mais lorsque le système immunitaire dysfonctionne, les macrophages ne remplissent plus leur rôle et cela peut donner lieu à l’apparition de lésions endométriales.
Ainsi agir pour entretenir un système immunitaire efficace est un autre moyen efficace pour limiter la progression de l’endométriose.
La progression de l’endométriose n’est pas systématique même sans pilule
L’évolution naturelle de l’endométriose sans prise de traitement hormonal est soit la stabilisation, soit la régression, soit la progression.
En écrivant mon article, je suis tombé sur un article de Bertille Flory décrivant les évolutions possibles de l’endométriose. Une étude montre que « montre que l’évolution naturelle (c’est-à-dire sans traitement hormonal) de l’endométriose peut être soit la stabilisation (29% des cas), soit la régression (42% des cas), soit la progression (29%) des cas). Cette étude montre que, même sans traitement, il n’y a pas forcément de progression de la maladie, depuis une endométriose superficielle vers une endométriose ovarienne et/ou une endométriose profonde. »
Pour conclure
L’endométriose est une maladie complexe qui implique de nombreux systèmes de l’organisme. Je pense qu’on a encore plein de choses à apprendre au sujet de cette maladie. Mais pour conclure, en vous donnant mon point de vue dans ma compréhension actuelle de la maladie, au regard de ce que j’ai pu lire et au regard de l’évolution des femmes que je suis depuis 2020, je suis convaincue que la réduction de l’inflammation et l’équilibre du système immunitaire sont les 2 clefs qui permettent de stabiliser voire de faire régresser l’endométriose. Bien sûr, ce sont des actions à mener sur le moyen et long terme, en complément d’un suivi médical.
Témoignage : « Je reviens vers toi pour te donner des nouvelles 2 ans après l’accompagnement, car j’ai eu une super nouvelle lundi: mon gynécologue n’a trouvé aucun signe d’endométriose à l’échographie, et n’ayant plus aucun symptômes, il n’a pas jugé l’IRM nécessaire. »
Sources :
- http://www.gynecolyon.com/informations-medicales-pratiques/l-endometriose
- https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2022/03/msc200570/msc200570.html
- https://www.endholistic.fr/faq-la-pilule-et-lendometriose/#Sans-pilule-la-progression-de-lendometriose-est-elle-inevitable
Aline Demolin
J’accompagne les femmes qui souffrent d’endométriose à retrouver douceur et vitalité au fil de leur cycle