Il y a un sujet qui me semble primordial de connaître quand on souffre de troubles du cycle et notamment d’endométriose : les perturbateurs endocriniens.
Prendre conscience de l’ampleur de leur présence dans notre quotidien peut devenir anxiogène. L’idée de cet article n’est pas de vous faire paniquer mais simplement d’expliquer le potentiel lien des perturbateurs endocriniens avec l’endométriose et de sensibiliser aux actions quotidiennes que l’on peut faire pour limiter la présence des perturbateurs endocriniens dans nos vies.
C’est quoi les perturbateurs endocriniens ?
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit les perturbateurs endocriniens comme des substances ou un mélange de substances d’origine naturelle ou synthétique, étrangère à l’organisme qui altèrent les fonctions du système endocrinien.
Le système endocrinien, ce sont les cellules et organes qui produisent des hormones à un endroit du corps.
Les hormones, ce sont des messages envoyées d’un organe à un autre pour faire marcher le corps. Elles sont circulent via le sang pour produire un action déterminée chez l’organe ou la cellule ciblé. Elles agissent en se fixant sur le récepteur prévu à cet effet. Il y a par exemple les œstrogènes, la progestérone, l’hormone lutéinisante (LH), la thyréotrophine (TSH), le cortisol, l’insuline, etc.
Quel est le problème avec les perturbateurs endocriniens ?
Les perturbateurs endocriniens ont trois modes d’action :
- Ils miment l’action d’une hormone.
- Ils bloquent l’action d’une hormone en prenant sa place sur le récepteur à un moment non opportun. Cela vient brouiller, empêcher ou accentuer la communication hormonale.
- Ils perturbent la production ou la régulation des hormones ou de leurs récepteurs.
En perturbant la production et/ou la réception des hormones, les perturbateurs endocriniens induisent des effets néfastes dans un organisme intact et chez sa progéniture.
Quel lien entre perturbateurs endocriniens et endométriose ?
Une des théories dans les causes de l’endométriose est l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Ils sont en effet considérés comme potentiel facteur dans l’apparition de l’endométriose.
Dans l’endométriose, on parle principalement du dérèglement hormonal au niveau du cycle menstruel (Pour aller plus loin, voici un article sur l’équilibre hormonal). On constate une trop grande présence d’œstrogènes (hyperoestrogénie) et une faible production de progestérone. Cela veut dire que les ovaires, organes du système endocrinien et reproducteur, ne produisent pas les hormones dans des quantités physiologiques attendues, ce qui induit un dérèglement global du cycle.
Cela arrive parce que les perturbateurs endocriniens se prennent pour des œstrogènes dans le corps. Ils arrivent à la fois par l’extérieur, c’est-à-dire l’environnement, ce sont les xéno-estrogènes (et nous allons voir juste après comment agir dessus), mais ils sont aussi transmis de manière transgénérationnelle via nos mères et nos grands-mères. A cela s’ajoute ce qu’on appelle « l’effet cocktail » sur lequel on manque encore de recul : un perturbateur endocrinien pris isolément peut ne pas avoir d’effet néfaste. Mais s’il vient s’ajouter à d’autres, cela peut produire un effet non désiré.
Enfin, comme dans notre corps, tout est lié, il ne faut pas oublier de prendre en considération les autres organes du système endocrinien.
Par exemple l’hypophyse. Elle est la tour de contrôle de nombreux organes, notamment celle des ovaires et de la thyroïde. La thyroïde sécrète la thyréotrophine (TSH) qui elle-même sécrète la T3 et T4. Ces hormones jouent dans le niveau d’énergie et le poids, deux problèmes rencontrés dans l’endométriose. Ou, pour autre exemple, le pancréas qui s’occupe notamment de la production de l’insuline et dont le dérèglement peut avoir un impact sur le poids, problème souvent évoqué en cas d’endométriose.
Voilà pourquoi il va être judicieux de faire attention aux perturbateurs endocriniens qui se comportent comme des œstrogènes en cas d’endométriose.
Trois pistes pour limiter les perturbateurs endocriniens
Piste 1 : Identifier les sources de perturbateurs endocriniens à la maison et dans son quotidien
Pour cibler de manière stratégique nos actions et limiter efficacement les perturbateurs endocriniens quand on a de l’endométriose, il faut savoir une chose : 80 à 90 % de l’exposition provient d’une alimentation polluée.
- Ce sont les pesticides que l’on retrouve dans les fruits et légumes. Les polychlorobiphényles – PCB présents dans les nappes phréatiques, les sols de culture agricole ou les graisses animales.
- La dioxine qui se retrouve dans les graisses animales avec accumulation au fil de la chaîne alimentaire. De plus, des études montrent que l’exposition aux dioxines, en plus de venir perturber le système hormonal, augmente l’inflammation et stimule la prolifération des cellules endométriales.
- Les bisphénols et phtalates sont eux présents dans le plastique, les boites de conserve et les cannettes de soda.
Les 10 à 20 % d’exposition aux perturbateurs endocriniens se retrouve dans notre quotidien.
- Dans nos pôles et casseroles en Teflon, on trouve des PFOA Perfluoré.
- Dans nos cosmétiques et nos protection hygiéniques, il y a des paraben, phtalates, pesticides.
- Dans nos produits ménagers, on peut trouver des phosphates.
- Dans nos rideaux, literie, canapés, peintures, etc on va avoir des formaldéhyde et autres retardateurs de flamme toxiques.
Il est important de se pencher sur la composition de nos produits en regardant l’étiquette, en étant vigilante aux labels ou tout simplement en questionnant la personne qui a fabriqué le produit quand on a la possibilité d’être en contact direct elle.
Piste 2 : Changer petit à petit ses habitudes et ses produits
Le plus important à mon sens quand on démarre ce type de démarche, c’est d’y aller petit à petit.
1er CONSEIL
Je recommande souvent de démarrer par l’alimentation puisque c’est elle la plus grande source d’exposition aux perturbateurs endocriniens. On peut passer à une qualité biologique progressivement par exemple en se penchant sur un type de produits par semaine ou tous les 15 jours. Le plus important pour démarrer sont, à mon sens, tous les produits à basse de graisse (viande, poisson, œufs, beurre, huile). Ce sont eux qui ont de grandes concentrations en PCB, dioxine et pesticides.
2ème CONSEIL
Aérer plusieurs fois par jours son intérieur afin que les produits contenus dans les tissus des rideaux, canapés, etc. puissent aller à l’extérieur.
L’autre option est aussi d’acheter au maximum d’occasion. Ces produits dégageront moins de polluants dans l’intérieur, dans la mesure où ils ne sont plus neufs.
3ème CONSEIL
Ne mettre sur la peau que des produits que l’on peut manger. Tout ce qui est sur la peau va aller à l’intérieur du corps, cela ne reste pas en surface. Plus on va être attentive à ce que l’on met sur sa peau, moins nous nous exposerons à des polluants à travers les cosmétiques. Je recommande de revenir à des produits bruts voire comestibles (oui, oui!) comme l’huile de sésame, d’argan, jojoba, etc.
Piste 3 : Nettoyer l’organisme régulièrement
Dans mon approche naturopathique, j’attire une attention toute particulière au niveau de surcharges de l’organisme des femmes que j’accompagne. C’est toujours ce que je regarde au début d’un accompagnement. Car quand une maladie est présente, comme l’endométriose, cela signifie, pour moi, qu’il y a un fort taux de surcharges. C’est-à-dire que le corps a du mal à évacuer les déchets à l’extérieur du corps. Ce sont les organes émonctoires qui sont en charge de cela et il arrive qu’ils aient besoin d’être renforcés ou nettoyés si la vitalité générale de la personne s’y prête.
Il y a des plantes qui viennent très bien remplir ce rôle comme le chardon marie ou le pissenlit. Et c’est aussi par l’alimentation que l’on peut accompagner ce travail de nettoyage avec les légumes de la famille des choux.
Attention : Ne vous lancez jamais dans un tel nettoyage toute seule, cela est loin d’être anodin. Ces pratiques d’hygiène de vie sont à réaliser avec un professionnel connaisseur afin de ne pas être contre-productif avec ce type de pratique. En effet, une cure mal réalisée peut aggraver la situation.
Pour conclure
Il existe donc de nombreux moyens pour agir à limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens quand on a de l’endométriose : revoir son alimentation, changer ses produits cosmétiques et nettoyer ses émonctoires.
Toutes ces actions vont avoir pour effet, de manière indirecte et complémentaire à d’autres actions, de permettre au corps de modifier le fonctionnement du système endocrinien et par là, à terme, de réguler le cycle menstruel et les maux qui en découlent.
Avoir en tête le fait que ces perturbateurs endocriniens sont transmis à nos enfants tout au long de la grossesse, c’est aussi faire un très beau geste pour nos générations futures que de limiter ces perturbateurs !