L’endométriose est maladie inflammatoire chronique qui touche environ 1 femme sur 10. Bien connue pour provoquer des douleurs menstruelles intenses nécessitant des anti-inflammatoires puissants, l’endométriose a aussi d’autres facettes moins souvent évoquées. En effet, les femmes atteintes souffrent fréquemment de douleurs pelviennes et abdominales synonymes de troubles digestifs, cela même en dehors de leurs règles.
Je vous propose donc de mieux comprendre les distinctions à faire en cas de troubles digestifs avec l’endométriose.
Il y a en fait 2 situations à distinguer chez les femmes touchées par l’endométriose, suivant qu’il y ait une atteinte digestive (endométriose digestive) ou non.
1- L’endométriose digestive
Définition de l’endométriose digestive
L’endométriose digestive est une forme d’endométriose au même titre que l’endométriose ovarienne, péritonéale, thoracique ou profonde. Dans ce type d’endométriose, les lésions d’endométriose sont localisées dans la sphère digestive (en plus d’être à d’autres endroits éventuellement). Ces lésions se situent au niveau des parois de l’intestin et le plus souvent au niveau du côlon et du rectum.
Les douleurs de l’endométriose digestive
Le problème avec l’endométriose digestive, c’est que les lésions réagissent comme toutes les autres lésions et provoquent des douleurs :
- par poussées inflammatoires en lien avec le terrain inflammatoire (petite piste par ici pour soulager l’inflammation)
- avec le cycle menstruel et notamment lors des règles. Pendant les règles, la production de prostaglandines est plus élevée chez les femmes atteintes d’endométriose. Ces substances chimiques provoquent des contractions à la fois de l’utérus et des intestins. Cela peut entraîner des douleurs sévères, surtout en cas d’excès de prostaglandines. De plus, certaines prostaglandines pro-inflammatoires peuvent amplifier cette douleur.
En parallèle, les adhérences – tissus cicatriciels formés en raison de l’inflammation – peuvent entraîner des douleurs mécaniques. Ces adhérences peuvent gêner le bon fonctionnement des organes digestifs et provoquer des douleurs lors du passage des selles ou lors des rapports sexuels, lorsque les organes sont soumis à une certaine pression ou un certain mouvement.
Diagnostiquer l’endométriose digestive
L’endométriose digestive peut être difficile à diagnostiquer et donc à prendre en charge. En effet, les symptômes de l’endométriose digestive peuvent se confondre avec ceux d’autres affections gastro-intestinales, comme le syndrome du côlon irritable. Les douleurs abdominales, les ballonnements, la constipation ou la diarrhée peuvent être présentes dans les deux cas. Ce qui rend le diagnostic complexe.
C’est pourquoi il est essentiel de consulter un gynécologue spécialisé dans l’endométriose. Il pourra alors repérer les signes spécifiques de l’endométriose digestive. Et dans certains cas, il peut être intéressant de consulter un gastro-entérologue. Notamment pour exclure d’autres causes gastro-intestinales dans les troubles vécus.
Si un diagnostic d’endométriose digestive n’est pas posé mais que des douleurs et des troubles du transit persistent, que faire ? Il est alors crucial de se pencher sur ces symptômes pour en identifier la cause. En effet, plusieurs pathologies gastro-intestinales peuvent être à l’origine de ces troubles. Seule une évaluation approfondie permettra de mieux comprendre leur origine, qu’elle soit fonctionnelle ou organique.
2 – Les troubles digestifs associés à l’endométriose
Les symptômes digestifs
L’endométriose peut affecter indirectement la sphère intestinale même en l’absence d’endométriose digestive. En effet l’inflammation locale causée par l’endométriose peut être suffisamment importante pour provoquer des répercussions sur les intestins. Cela entraîne ainsi des troubles fonctionnels et des douleurs digestives.
Les femmes atteintes d’endométriose souffrent souvent des troubles digestifs suivants :
- Ballonnements et gaz après les repas, souvent empirant au fil de la journée. Ce phénomène est aussi connu sous le terme « endobelly ». Ces ballonnements peuvent être si importants qu’ils en sont douloureux et amènent les femmes à adapter leur tenue vestimentaire.
- Troubles du transit : alternance diarrhée – constipation, transit très ralenti (constipation), transit très rapide (diarrhée).
Ces symptômes sont caractéristiques du syndrome de l’intestin irritable (qui a pour synonyme côlon irritable et colopathie fonctionnelle).
En pratique, il se trouve que les femmes touchées par l’endométriose ont 3 fois plus de risques de développer le syndrome de l’intestin irritable que celles qui n’en souffrent pas. Hé oui, tous les symptômes douloureux ne sont pas à mettre sur le dos de l’endométriose !
Identifier les troubles digestifs
Le problème est que les femmes touchées par l’endométriose ont certes plus de probabilité de souffrir du syndrome de l’intestin irritable. Mais ce n’est pas la seule possibilité. Elles peuvent aussi être touchées par le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) ou l’IMO (Intestinal Methanogen Overgrowth) ou alors une pathologie organique comme la maladie de Crohn, la maladie cœliaque ou la rectocolite hémorragique. Oui, une pathologie peut en cacher une autre ! Et je vois trop de femmes sans diagnostic pour leurs troubles intestinaux, ce qui retarde une prise en charge efficace. C’est pourquoi il est essentiel de consulter un gastro-entérologue pour obtenir un diagnostic précis et exclure d’autres pathologies. Cela permet de mettre en place une prise en charge adaptée et de mieux gérer les symptômes.
Pour conclure
Chez les femmes atteintes d’endométriose qui souffrent de troubles digestifs, il y a donc deux situations à distinguer. Soit c’est une endométriose digestive, soit ce sont des troubles fonctionnels ou organiques de l’intestin associés. Dans tous les cas, l’endométriose n’est pas la cause unique de tous les maux. Ces troubles sont à prendre au sérieux. Alors il est important de poser le bon diagnostic pour une prise en charge appropriée.
Dans le prochain article, je vous donnerais des pistes d’actions pour agir durablement sur ces troubles.
Aline Demolin
J’accompagne les femmes qui souffrent d’endométriose à retrouver douceur et vitalité au fil de leur cycle